Chronique d'un manager
Suite a un événement organisé par l’association One-One à Carcassonne, j’ai rencontré un rappeur. Ce rappeur a un talent manifeste à mes yeux. Il s’appelle Youm, vous le connaissez peut-être !
Ayant discuté avec lui sur plusieurs jours, nous avons fini par devenir relativement proches. Il m’a proposé de devenir son manager. N’ayant aucune idée de ce qu’est un manager d’artiste, moi, jeune ingénieur diplômé des Mines de Saint-Etienne spécialisé en Micro-électronique et en Informatique toujours curieux, j’acceptai.
Comprenez bien que je n’y connais rien dans le business du Rap et que je suis devenu, en l’espace d’une blague entre amis, le manager d’un artiste. J’ai découvert le Rap avec les cassettes du fils de ma marraine avec la Fonky Family que j’écoutais sur mon Walkman en boucle. Et depuis mes 8 ans, je n’ai pas arrêté d’en écouter, d’écrire des textes et surtout de danser. Mais je ne connais rien de l’univers des backstage, mis a part les quelques Making Off que j’ai pu voir.. Je me souviens notamment d’un film avec Jok’air, Xeu le Doc, le documentaire offert avec l’album “Le Toit du Monde” de Sinik, les documentaires sur Damso (“Au coeur du Lithopédion”, “Damso La Fascination” ) et le cultissime film sur le Roi Enok (“Les Mathématiques du Roi Enok”).
Ce n’est pas une responsabilité à prendre à la légère que de dire que je deviendrais son manager ! Il me faut apprendre et cette série de chroniques est le résumé de ce que j’ai compris et appris grâce aux gens qui ont la bonté de me partager leur vie et pensées. Ce qu’ils m’ont appris est d’une valeur inestimable à mes yeux et c’est pour cela que je souhaite partager avec vous ce qu’ils mon offert.
En quête de connaissance, j’ai demandé à un de mes amis rappeurs Swan ces astuces. Nous avons discuté de nos vies, de son expérience dans le rap, de sa façon de travailler et de ses objectifs dans la musique. Swan a commencé par rapper très tôt. Il a fait des freestyles avec ses amis Charlie et LMA. Charlie avec sa plume de loveur, LMA avec ses passages travaillées et Swan avec un flow innée et des textes percutants rappaient dans leur chambre.
Aujourd’hui presque 10 ans plus tard, ces jeunes aux talents prometteurs ont fait évoluer leurs arts et leurs méthodes de travail. Leur vision de ce qu’est un artiste et de leur vision du travail les a un peu séparées professionnellement. LMA, amoureux du travail, travaille non-stop pour atteindre son objectif de succès dans l’art lyrical, il sort des freestyles tous les jours et vient de lâcher un EP disponible sur tout les plateformes de streaming ainsi qu’un clip qui donne envie d’avoir encore plus de son contenu ! Swan lui reste ouvert aux opportunités de la vie et continue de cultiver son art de façon plus sporadique. Quant à Charlie, il me faut le retrouver. Je me demande bien où est Charlie…
Je pense que ces 2 façons d’être un artiste proposé par LMA et Swan sont intéressantes.
L’art musical est complexe, il parle aux cœurs de la masse (#Ange)
(Merci Kouss pour cette inspiration ! Force à toi pour ton projet !)
Le son, l’amour du son, l’obsession de produire le meilleur son ne suffisent pas pour réussir dans le milieu du rap et ce sont ces clefs annexes, impossibles à trouver que je suis allé chercher en interviewant LMA et Swan. Car le son, en tant que manager, ne sera pas vraiment ma spécialité.
Ces deux personnages avaient tellement à m’apporter ! Tout d’abord, ils m’ont parlaient des rôles des membres de l’équipe qui entourent un artiste et le lexique de ce milieu :
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Manager : Askip, c’est mon rôle. Représente l’artiste, auprès des autres professionnel du milieu; il est là pour l’accompagner dans ses démarches au quotidien. Chef d’orchestre qui ne fait pas de musique. Il constitue un rétroplanning en fonction des objectifs de carrières de l’artiste. Il s’agir, par exemple, lorsqu’il faudra enregistrer un disque définir quand, où, avec qui, et combien? Il est aussi en charge de gérer le réseau professionnel qui gravite autour de l’artiste. En général le manager prend environ 50% de tout ce que touche l’artiste (c’est cool ça, mais du coup, ça veut dire qu’il y a beaucoup de boulot !). Les bons managers sont très rares (mince ça ne sera pas facile!). Le manager est souvent jugés inutiles pour les artistes qui débutent et qui peuvent gérer seul leur gestion du temps et de l’équipe qui les entoure. Pour les artistes en développement, le modèle de management est souvent informel, sans véritable contrat. (Je pense que c’est un problème. La relation managériale doit être formalisée au moins à l’oral et le rôle de chacun des membres de l’équipe doit clairement être explicitée quitte à improviser en cours de route ou a changer de casquette. Je pense aussi que le rôle de l’artiste est de faire de l’art, le reste il doit savoir ce qu’il se passe de façon transparente, mais ça peut être trop à gérer pour les artistes désintéressés par le management et dont ce n’est pas le métier).
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Community Manager : il gère la communication sur les réseaux, je ne vais pas détailler plus.
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Stratégie Marketing : en plus de la communication et de la présence sur la toile, il faut mettre en place les stratégies de vente qui vont au-delà de la gestion de la communauté qui suit l’artiste. C’est un vaste sujet et il y a du travail.
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Directeur Artistique : il est le responsable de l’identité artistique de l’artiste (ton, style, genre, ambiance…). C’est un méta artiste qui apporte une vision artistique à l’artiste.
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Tourneur/booker : il s’occupe de trouver des concerts et showcase pour l’artiste.
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Ingénieur du son : artiste et technicien, il s’assure de la qualité du son produit, il fait le mixage et/ou le mastering.
Le lexique est à développer, il est loin d’être exhaustif ! Et il me reste beaucoup à apprendre, à intégrer et à incarner, je le tiendrais à jour au fur et à mesure !
LMA, qui a son studio à Toulouse afin d’être autonome pour la production, m’a conseillé de suivre les formations rémunérées par la région Occitanie chez Octopus à Toulouse. Cette association offre des formations en Management par exemple.
LMA m’a conseillé, sagement, de ne pas aller chercher trop fort les likes et l’appuie du public en leur envoyant des messages en privé. Il a dit quelque chose de ce genre :
Les réseaux sont comme des portes et le public doit regarder par la serrure, il ne faut pas s’exhiber devant la porte. ».
Par contre, une fois qu’un projet est mis en place, il ne faut pas hésiter à le distribuer à son réseau professionnel.
Il me reste à établir un business plan à moyen et long terme pour Youm et à constituer un rétroplanning en fonction.
Parce que la musique est une course de fond, il faut tous les jours être régulier et persistant (#LMA).
Un grand merci aux artistes et à vous qui me lisez !
Paix Amour Unité et Amusement ! (#Afrika Bambaataa)